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Au Japon, une filière laitière inspirée par la France

Les étudiants japonais ont apprécié les échanges avec Denis Jehannin (au centre), mais aussi les fromages normands qu'il leur a offerts.

Denis Jehannin, éleveur laitier en Bretagne, rentre d’un voyage au Japon. Au fil de multiples rencontres, il s’est aperçu que les préoccupations de revenu et de renouvellement des générations semblent universelles dans le monde du lait.

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C’est un peu par hasard que Denis Jehannin, éleveur laitier en Ille-et-Vilaine, a rencontré des Japonais en 2018. « Une délégation du ministère de l’Agriculture et de chercheurs voulait visiter une ferme laitière, je les ai accueillis », rapporte Denis. Son investissement de longue date au sein de France Milk Board (FMB) a sans doute joué pour que sa ferme soit choisie. Il a sympathisé avec l’interprète et est resté en contact avec elle.

« Je travaille sur ma ferme depuis trente ans. Mon épouse et moi voulions voyager un peu. Le Japon nous attirait », raconte Denis. Il voulait en profiter pour découvrir la filière laitière nippone. L’interprète travaille toujours en relation avec le ministère de l’Agriculture et a organisé rapidement un périple de trois jours incluant des rencontres avec des représentants du Japan Dairy Council, de l’université de l’agriculture d’Hokkaido et du ministère, et une visite de ferme et d’une micro-laiterie. Le couple s’est envolé début avril.

Dans ce pays deux fois plus petit que la France et deux fois plus peuplé, les éleveurs laitiers ne sont plus que 9 960. Ils ont produit 7,3 Mt de lait cru en 2023, de quoi couvrir 63 % de la consommation intérieure.

Des producteurs organisés

Le Japon dépend donc des importations pour ses produits laitiers, ainsi que pour ses fourrages et ses grains. Les fermes cultivent du maïs et du soja, mais généralement en quantité insuffisante pour nourrir leurs troupeaux. « La taille des élevages est comparable à ce que l’on voit en France, de 40 à 400 vaches laitières, remarque Denis. Les modes de production sont plutôt intensifs et les chargements élevés, souvent autour de deux vaches par hectare. »

Les coopératives dominent dans la collecte et la transformation. La majorité des éleveurs adhèrent à des shitei dantai, qui ressemblent à des organisations de producteurs. Elles négocient le prix environ une fois par an avec les laiteries et cherchent à parvenir à un bon équilibre entre l’offre et la demande.

Actuellement, le prix dépasse légèrement le coût de production, mais la rentabilité des élevages demeure une préoccupation importante. « Une conférence de presse a été organisée et j’ai dû parler de la filière laitière française pendant une heure et demie devant vingt journalistes. » Denis a été surpris de voir que leurs questions tournaient beaucoup autour d’égalim. « Le Japon semble vouloir légiférer dans ce sens. »

Au cours d’un échange avec quatre étudiants à l’université de l’agriculture, Denis a senti la pression qu’ils subissaient de la part de leurs parents éleveurs laitiers pour qu’ils reprennent la ferme familiale. « On perçoit aussi leur réticence, comme chez nous, devant la charge et le rythme du travail », relate l’éleveur breton. Dans un pays où le taux de chômage se limite à 2,2 %, le manque de main-d’œuvre affecte les élevages. Or le maintien des livraisons de lait est lié, à l’avenir, au renouvellement des générations. Les échanges devraient se poursuivre. Denis s’attend à accueillir une nouvelle délégation en France à court terme.

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